Artiste-artisan porteuse d’un message écologique, Catia Estevez travaille le papier mâché s’inscrivant dans une démarche de préservation de l’environnement. Elle redonne une seconde vie à une matière simple – le papier – en le transformant, le recyclant et le sublimant.
Le papier mâché : une matière sculpturale :
Catia Estevez profondément mu par la volonté de préserver la planète pour protéger les générations futures a élu le papier mâché, comme matière de prédilection. Le papier totalement récupéré auprès d’imprimeries lui permet, une fois retravaillé de donner vie à des sculptures.
Le procédé de transformation de la matière inventé par Catia Estevez est un processus lent et long permettant à terme de donner une solidité et un aspect sculptural à l’œuvre. Elle récupère des bandes de papier qu’elle va ensuite broyer puis malaxer avec une mixture dont elle seule connaît la recette lui permettant ensuite de sculpter en trois dimensions ce papier. D’une feuille de papier plane, elle créé une installation en volume qui dialogue avec l’espace et la lumière. Telle l’œuvre Nuvem, 2016 exposé au MAD Berlin, œuvre à la fois sculpturale et lumineuse où le papier devient un élément solide de l’œuvre. Les chutes de papier donnent corps aux sculptures lumineuses.
Au centre de sa démarche, les projections de la lumière sur la matière sont prises en compte pour chaque projet. Ce sont à la fois les jeux d’ombres et de lumière qui sont recherchés afin de donner une dimension immatérielle à l’œuvre.
Une œuvre qui s’inscrit dans un espace architectural :
Issue d’une formation d’architecture et d’urbanisme qu’elle a étudié entre Lisbonne et le Brésil, le travail de Catia Esteves est profondément imprégné du rapport à l’architecture. Elle a une sensibilité toute particulière à l’espace lorsqu’elle conçoit une œuvre. Elle crée des scénographies et installations sur mesure qui donnent un esprit aux lieux où elles s’insèrent. Le visiteur est invité à en faire partie.
Comme dans Matter of time financé par la Fondation Banque Populaire, Catia Esteves crée des dialogues entre les déchets transformés en œuvre d’art et l’endroit où ont été trouvé ces mêmes déchets. Appelés interventions urbaines, elle fait dialoguer une sculpture avec une poubelle dans le milieu urbain invitant le badaud à réfléchir.
L’intemporalité du moment présent :
Catia Estevez essaie de fixer un moment du mouvement afin de nous rappeler que nos actes d’aujourd’hui ont des conséquences sur demain. Elle souhaite nous faire prendre conscience de nos actions. Aujourd’hui est notre futur passé.
C’est le moment de basculement que l’artiste fixe pour l’éternité, telle Gota, 2016, moment où la goutte d’eau est formée et qui est sur le point de tomber. De même pour Nuage en train de traverser le ciel, sur le point de changer de forme qui deviendra immortel grâce au papier mâché de Catia Estevez.
Catia Estevez nous interroge avec beauté sur les matières du quotidien que nous délaissons pour leur redonner une seconde vie.
Paris, le 18 juin 2020